Spéciste? Autotrociste? Non simplement écologiste...
Il y a quelques semaines j’intervenais dans un débat audiovisuel sur la télévision suisse romande sur : « Quels droits devons nous accorder aux animaux? »
J’ai été désigné comme contradicteur à trois antispecistes dont Aymeric Carron, fourbu à cet exercice. Vous l’aurez compris cet expérience me laisse un petit goût d’inachevé et une certaine frustration.
Frustration parce que dans l’organisation d’une telle confrontation il faut donc deux camps. Je me suis retrouvé dans le camp …d’en face … celui qui était accusé, celui qui, d’après ce que l’on nous a expliqué dans ce débat, est dans le faux… et pourtant…
Et pourtant je ne me sens pas moins amoureux des animaux et pas moins respectueux de notre Terre que n’importe quels vegans ou antispecistes (parfois en désaccord entre eux en fonction de leurs modèles à penser). Oui je ne me sens pas moins respectueux des animaux, des végétaux et de notre planète.
Ne pas avoir les mêmes réponses ne veut pas dire que nous soyons insensibles, que nous soyons satisfaits de notre société ou que nous ne voulons pas changer les choses. De toute façon, et je rejoins M. Carron sur ce point, nous n’en aurons bientôt plus le choix. Simplement ne pas avoir de certitudes comme ils ont pu en exprimer lors de ce débat est sûrement lié à mes études universitaires … nous découvrons chaque jour de nouvelles choses, dans beaucoup dans tous les domaines (biologie, éthologie, sciences de l’environnement, médecine …) et j’ai simplement la faiblesse d’imaginer que ce que nous pensons et ce que nous savons aujourd'hui sera mis à mal et chamboulé à l’avenir.
Le reconnaître aujourd'hui c’est déjà accepter demain de changer de paradigme.
Oui le règne animal est multiple complexe parfois très proche de nous humains (singes, cochons), parfois plus éloigné (insectes, verts plats) et pourtant tous les animaux sont pourvus de fonctions cognitives qui s’expriment indéniablement de façon différente en fonction de leurs caractéristiques biologiques et adaptatives.
Oui demain, et c’est déjà le cas actuellement, des scientifiques et des amoureux des végétaux nous rendent et nous rendront attentifs sur le fait que les végétaux supérieurs (et pas que) sont pourvus de sensibilité et sont même décrits comme des êtres «sentients» par ces mêmes personnes, bouleversant justement nos certitudes ou plutôt tentant de bouleverser nos croyances archaïques.
Ne pas l'admettre serait, à mon sens, une erreur et nous replongerait quelques années en arrière quand les premiers scientifiques nous ont parlé de la sensibilité des animaux et de leur capacité émotive.
Devrons-nous nous catégoriser aussi à l’avenir en autotrociste et antiautotrociste?
Je comprends les réticences des vegans et des antispecistes à reconnaître ces capacités aux êtres sensibles végétaux car cela impliquerait beaucoup de choses dans leur choix et dans leur démarche. Mais écarter le sujet d’un effet de manche ne me semble pas à la hauteur du combat qu’ils mènent et qu’ils ont mené pour faire, tout d’abord, connaître et comprendre puis, désormais, reconnaître la sentience animale.
Alors oui j’aurais aimé aborder avec eux ce sujet qui m’apparait central, au delà des droits pour les animaux, c’est de quelle société pour demain souhaitons-nous (si tant est que nous ayons le choix)?
Comment leur modèle de société intègrera-t-elle l’industrialisation qui, forcément, aura lieu pour produire la nourriture végétale pour 10 millards d’individus à l’horizon 2050. Comment pourront-ils encadrer les dérives qui ont déjà lieu et qui apparaitront plus encore, avec ces modes de production intensive qui finissent par rendre « chose » la totalité des êtres vivants qu’ils soient animal, végétal et même, dans bien des cas, humain.
LE SCANDALE DU BUSINESS DU COTON, Cash Investigation - France 2
Dire que dans trop de cas l’abattage d’animaux est barbare, est nécessaire et il faut incontestablement changer les choses. Que de définir et respecter la dignité animale, de son vivant comme pour sa mort, doit être une priorité et une nécessité. Tout autant, la dignité végétale ne peut être tue et elle doit être prise en considération pour respecter correctement l’ensemble des organismes vivants. Mais sans oublier, évidemment, que la dignité humaine et les droits humains doivent être une évidence pour tous et partout et pas simplement s’arrêter aux mots ou aux déclarations d’intention.
LES PLANTES AUSSI ONT UNE DIGNITE, SWI - Armando Mombelli
DEPUIS AUJOURD'HUI L'HUMANITE VIT A CREDIT, Le Monde - Audrey Garric
Alors que nous utilisons actuellement les ressources de notre Terre à crédit durant plus de 4 mois de l’année et surement plus vite encore demain si nous ne faisons rien prochainement, le respect de l’ensemble des êtres vivants n’est plus une nécessité mais une obligation.
Les choses doivent changer! Notre alimentation s’équilibrer et être respectueuse des êtres vivants, animaux et végétaux, qui la compose en leur évitant toute souffrance inutile.
Ce qui ne veut pas dire pour autant, cesser leur consommation.
Comment agir sans les animaux à nos cotés? L’animal au service de l’Homme a été de tout temps au coeur de nos relations et de notre développement. Hier pour la protection, la chasse, le transport et bien d’autres domaines encore, aujourd’hui comme aide à la personne, âgée, handicapée, malvoyante, pour lutter contre le terrorisme avec l’utilisation de chien renifleur d’explosif, comme animaux de compagnie qui dans bien des cas est une aide affective irremplaçable…
et pourtant, tous ces exemples, aussi vertueux soient-ils, illustrent « l’exploitation animale » faite par l’Homme. Est-ce si impardonnable que cela?
Quelle serait cette société de demain, basée sur les préceptes des antispecistes, qu’on nous érige comme la seule solution pérenne à notre avenir et qui se passerait de l’utilisation animale comme force de travail? L’agriculture de demain sera (il n’y a plus le choix) plus variée, plus diverse, plus respectueuse de notre environnement, elle sera urbaine pour partie, aquaponique ou encore permacole ailleurs. Le retour de l’utilisation de l’animal en lieu et place des tracteurs et autres forces polluantes est dans bien de ces modèles de cultures raisonnées et durables, utilisée, nécessaire, salvatrice. Devrons-nous cesser cela aussi?
L’utilisation d’insectes pollinisateurs, d’insectes auxiliaires qui sont reproduits et élevés pour protéger biologiquement les cultures contre les nuisibles et réduire au maximum l’utilisation des produits chimiques pesticides, herbicides qui nous empoisonnent tous petit à petit, devra-t-elle être aussi supprimée…?
Dans le domaine de la santé, s’il a été prouvé que dans certains cas l’expérimentation animale est aujourd’hui sans interêt et inefficace et donc à faire cesser, que dire alors de la recherche sur les animaux et les végétaux pour la découverte de nouvelles molécules et de nouvelles façons de nous soigner?
ASSEZ DE CARICATURES SUR L'EXPERIMENTATION ANIMALE, Tribune Libération - 400 scientifiques
Simple sentinelle comme ces vertébrés ou invertébrés qui nous protègent en nous permettant de vérifier la qualité de nos eaux par exemple, ou de la recherche de nouvelles molécules/médicaments nous permettant de sauver de nombreuses vies humaines, comme hier l’insuline grâce aux équidés, demain les nouveaux médicaments pour la désinfection/cicatrisation grâce aux poissons. Ou encore, aujourd’hui, l’utilisation de peaux, de ces-mêmes poissons, notamment dans les centres hospitaliers brésiliens, pour soigner les grands brulés d’une façon jamais encore égalée en diminuant la douleur des patients et en les traitant de façon plus efficace.
Devrons-nous cesser cela également?
DE LA PEAU DE POISSON POUR SOIGNER LES GRANDS BRULES, LeFigaro.fr - Cécile Thibert
Parler de sauvegarde de notre planète et de ses ressources, de respect de ses organismes vivants en égard de leur dignité propre et différenciée pour chacun, dire que l’exploitation des ressources doit être durable, soutenable et équilibrée, d’aucuns pourraient me traiter d’utopiste d’autres, au contraire, de spéciste ou d’autotrociste n’allant pas assez loin dans la considération des animaux et des végétaux.
Récemment, les 15’000 de l’appel du même nom sont-ils utopistes à croire que les choses peuvent changer ou prennent-ils déjà acte pour le futur? L’agenda doit se mettre en marche et si les différentes COP montrent les difficultés des Etats à adopter des feuilles de route pourtant simples, nous devrions tous considérer, à titre individuel, le developpement durable dans l’ensemble de nos actions et de nos choix comme un préalable et comme une chance.
DU JAMAIS VU: 15'000 SCIENTIFIQUES S'UNISSENT FACE A LA DEGRADATION DE LA PLANETE, AFP/Le Temps
Transport, logement, biens de consommation… nourriture nous pouvons tous avoir une influence et chaque étape que chacun de nous fera, pas à pas et petit à petit, participera à l’inversion de la tendance et augmentera l’espoir et l’avenir des générations futures, l’espoir et l’avenir de nos enfants.
Beaucoup d’action sont en marche et le succès, en 2015, du documentaire #Demainlefilm de Cyril Dion et Mélanie Laurent, montrant que nous pouvons tous être acteur du changement, le démontre.
Préoccupé par l’eau douce, j’essaie, par différentes actions, de sensibiliser le plus grand nombre, à sa compréhension et à sa protection. L’eau douce est au coeur de tout, et j’ai même tendance à penser qu’elle est le centre de gravité des trois cercles du développement durable, sociétal, environnemental et économique.
Je n’ai eu d’autre motivation que celle la lorsqu’il y a plus de 15 ans j’imaginais ce grand pôle de compréhension et de connaissance des milieux aquatiques d’eau douce qu’est devenu #Aquatis à Lausanne.
Et c’est encore cette envie de sensibiliser le plus grand nombre à cette ressource qui m’amène, aujourd’hui, à réfléchir sur de nouveaux projets et à créer de nouvelles rencontres, de nouvelles passerelles autour de l’eau et pour l’eau.
Chacun trouvera ses actions en fonction de ses sensibilités mais ce qui est sûr, c’est qu’au jour d’aujourd’hui les choses doivent changer et comme la si bien dit Nicole Ferroni dans une de ses chroniques...
si on peut… on doit!
Frédéric Pitaval
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